Culture
COMMUNIQUÉ - 17/07/2024 - Incendie à la mission de Saint-Louis, disparition de plus de 160 ans d'histoire
17/07/2024
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Le Maire de la Ville du Mont-Dore, Eddie Lecourieux et son conseil municipal déplorent avec une profonde tristesse la disparition des monuments historiques qui constituaient la mission de Saint-Louis.
Après le presbytère, la maison des sœurs de la congrégation des Petites Filles de Marie, la maison d’accueil et les salles paroissiales incendiés la semaine dernière, c’est l’église de Saint-Louis qui a été en proie aux flammes hier, le mardi 16 juillet 2024.
Aujourd’hui, la mission de Saint-Louis qui représente un symbole fort de l’histoire religieuse, mais aussi intellectuelle et économique de la Nouvelle-Calédonie n’existe plus. En l’espace de quelques jours, c’est tout un patrimoine historique qui est parti en fumée.
L’église de Saint-Louis était pendant plusieurs décennies un lieu de célébrations des sacrements, de recueil et de rassemblements parfois joyeux et parfois tristes. Elle accueillait des milliers de fidèles croyants lors des grandes fêtes religieuses (la Pâques et la Noël).
Depuis 2017, la Ville du Mont-Dore, avec le soutien des habitants, le comité des fêtes de Saint-Louis et le Haut-Commissariat de la République en Nouvelle-Calédonie, organisait la Fête de Saint-Louis à la mission.
Une journée festive où les habitants proposaient aux visiteurs de découvrir Saint-Louis à travers des animations comme des circuits pédestres, des visites guidées de la mission ou de la tribu, des chants, des danses, des stands d’artisanat et un concours du plus beau vêtement végétal pour les enfants.
Rappel historique de la mission de Saint-Louis* :
Après une première tentative d’installation à l’embouchure de la rivière Thy en 1856, le père Rougeyron accompagné d’un groupe de chrétiens du nord (Balade et Pouébo), provenant de La Conception, débarque sur les terrains très marécageux. La tentative fut abandonnée provisoirement en raison des difficultés des terrains et de l’insuffisance de la préparation.
Un second essai est opéré en 1859, avec une meilleure préparation et une connaissance plus précise du site. C’est la vraie fondation de la mission de Saint-Louis et une croix est implantée pour commémorer l’effort de ces pionniers dont le père Vigouroux était chargé des travaux.
L’installation s’est finalement faite en amont dans la partie en hauteur des premières collines pour des raisons pratiques.
Débute alors l’implantation des bâtiments en pierres ainsi que de diverses cultures dont la canne à sucre, le coton ou encore le café. Il est aidé par le père Chapuy qui développe quant à lui des installations industrielles parmi lesquelles un moulin à grain ainsi qu’une roue hydraulique permettant d’utiliser l’eau comme force motrice et une scierie. La superposition des usines donne à la mission de Saint-Louis un essor considérable.
Dans les années 1870, le site s’agrandit avec la construction de plusieurs bâtiments dont ceux destinés à la mission éducative (écoles et internats). Saint-Louis devient la première école professionnelle du territoire.
Compte-tenu du développement extraordinaire de la mission de Saint-Louis, une église était indispensable. Une chapelle en paille est bâtie provisoirement puis très vite la première église de la Nouvelle-Calédonie voit le jour malgré des difficultés liés aux divers travaux agricoles, l’incendie du dortoir des filles qu’il faut reconstruire puis le déficit de la mission qui limite les dépenses et le refus du gouverneur d’affecter des forçats à Saint-Louis.
La bénédiction de l’église est faite le 8 septembre 1868 et son clocher sera construit plus tard, après 1878.
Cette même année, les plantations sont estimées à 15 hectares et l’usine sucrière entre en fonctionnement. Celle-ci devient une rhumerie en 1875.
D’autres constructions sont entreprises comme l’imprimerie ou le séminaire et ce jusqu’en 1942. À cette date-là, deux compagnies des Forces armées américaines s’installent jusqu’en 1946 en implantant un camp d’entraînement.
La mission de Saint-Louis parfois appelée "le Petit Vatican" est le rival de la capital administrative à Nouméa.
Pour la sauvegarde de tout cet héritage, sept unités ont été classées monuments historiques de la province Sud en 2008 :
- L’église
- Le presbytère
- L’école et l’internat des garçons
- L’école et l’internat des filles
- La scierie
- L’imprimerie
- Le canal d’alimentation en eau.
*Source : Lieux historiques de La Conception, St-Louis, Yahoué, Bernard BROU.
Crédit photo : Ville du Mont-Dore